Alors, non. Le zoo du bois de Vincennes a été créé dans les années 1930, juste après l’Exposition coloniale de 1931. J’imagine que tu voulais plutôt parler de la ménagerie du Jardin de Plantes ?
Je vais sauter soixante ans en avant et partir en hors-sujet complet, mais ce coin de Paris compte de nombreux vestiges de cette exposition. De mémoire :
et bien sûr le Palais de la porte Dorée, avec son aquarium tropical créé pour montrer aux visiteurs les poissons des colonies, et son immense bas-relief de façade qui parle de lui-même.
C’est un coin très « riche en propagande », qui est fort intéressant à visiter sous cet angle pour se confronter à l’histoire coloniale de la France. J’ai découvert tout ça il y a une dizaine d’années et ai trouvé ça assez brutal à l’époque, mais la plupart de ces machins sont peu ou pas contextualisés sur place (à moins que ça ait changé ?), donc il vaut mieux se documenter a priori.
L’Exposition coloniale comprenait un zoo, mais celui-ci était temporaire et situé dans un endroit un peu différent, au sud-est du lac Daumesnil d’après ce plan. Le zoo actuel avec son gros « rocher » a été construit dans les années suivant l’Exposition, et c’est un des établissements du Muséum national d’histoire naturelle, comme la ménagerie du Jardin des Plantes.
J’ai confondu le zoo de mon enfance et celui la commune de 1871, pardon !
Apparemment, ce n’était pas la ménagerie du Jardin des Plantes mais celui du Jardin de l’Acclimatation !
Le Jardin des Plantes est une institution scientifique et les scientifiques qui en ont la charge et la direction l’ont préservé autant que possible. Les serres ont bien été détruites par le bombardement prussien de la nuit du 8 au 9 janvier 1871, mais pas les éléphants…
Selon ce billet de blog, l’erreur vient de la presse anglaise d’époque. Encore les rosbifs !
Le mieux est de donner la parole au reporter du Rappel, le 23 mars 1871:
« Les éléphants, les hippopotames, les rhinocéros, les bisons, les buffles, les zébus, les yacks, etc., qu’on avait dits passés de l’état d’herbivores à l’état de rosbeefs, se portent généralement fort bien. Ils ont bien un peu souffert de la mauvaise qualité de la nourriture et de la rigueur de l’hiver; mais au total trois ou quatre au plus sont morts de maladie. Les éléphants, buffles, etc., tués et mangés provenaient du jardin d’acclimatation. »
Ha, le blog de la très récemment défunte Michèle Audin. :-( J’espère qu’il va rester en ligne. Quelques années plus tard, elle dit dans cet article que la confusion est probablement due au fait que des locataires du jardin d’Acclimatation — dont les deux éléphants en question — ont été hébergés au Jardin des Plantes pendant le siège. Les Anglais sont pardonnés ?
J’ai trouvé dans un autre de ses articles une recette de siège qui semble aux portées de mes compétences culinaire et de ma bourse : la soupe à l’oignon sans oignon :
Faites fondre de la graisse dans une poêle; prenez des tranches de pain, que vous ferez fortement roussir; ajoutez eau nécessaire, sel, et versez sur votre pain coupé par tranches.
Elle a l’air un peu fadasse cette soupe… Mais on fait avec ce qu’on a.
Je vais feuilleter cet ouvrage avec un peu plus d’attention pour mon menu de Noël.
On y trouve le prix du rat : 0,75 francs le 19 décembre 1870 ; 2 francs le 6 janvier 1871.
Les caves servaient d’abattoir.
Les arnaques étaient monnaie courante : un restaurant a cru acheter un éléphant ; c’était en réalité du cheval.
Morceaux choisis :
Jamais l’art culinaire ne réussira à faire de la viande du bouc un mets potable. J’ai employé les acides oxalique, tartrique, nitrique, sulfurique, étendus d’eau ; il m’a été impossible de faire disparaître l’odeur.
J’ai connu des personnes qui, durant le siège, ont fait des fortunes énormes en usurpant le peuple.
Il est question d’une armistice. Les accapareurs font sortir des marchandises considérables.
Je suis incapable de me rendre compte de ce que représentait concrètement le prix du rat dans un budget, mais l’inflation est impressionnante.
Et aussi pas mal de références à des animaux provenant du Jardin des Plantes. Il faut savoir !
Les arnaques étaient monnaie courante : un restaurant a cru acheté un éléphant ; c’était en réalité du cheval.
On tient peut-être l’explication.
Jamais l’art culinaire ne réussira à faire de la viande du bouc un mets potable. J’ai employé les acides oxalique, tartrique, nitrique, sulfurique, étendus d’eau ; il m’a été impossible de faire disparaître l’odeur.
Je serais curieuse de savoir ce qu’en dirait Hervé This. Mais quand même pas assez pour lui poser la question par mail.
Alors, non. Le zoo du bois de Vincennes a été créé dans les années 1930, juste après l’Exposition coloniale de 1931. J’imagine que tu voulais plutôt parler de la ménagerie du Jardin de Plantes ?
Je vais sauter soixante ans en avant et partir en hors-sujet complet, mais ce coin de Paris compte de nombreux vestiges de cette exposition. De mémoire :
C’est un coin très « riche en propagande », qui est fort intéressant à visiter sous cet angle pour se confronter à l’histoire coloniale de la France. J’ai découvert tout ça il y a une dizaine d’années et ai trouvé ça assez brutal à l’époque, mais la plupart de ces machins sont peu ou pas contextualisés sur place (à moins que ça ait changé ?), donc il vaut mieux se documenter a priori.
L’Exposition coloniale comprenait un zoo, mais celui-ci était temporaire et situé dans un endroit un peu différent, au sud-est du lac Daumesnil d’après ce plan. Le zoo actuel avec son gros « rocher » a été construit dans les années suivant l’Exposition, et c’est un des établissements du Muséum national d’histoire naturelle, comme la ménagerie du Jardin des Plantes.
J’ai confondu le zoo de mon enfance et celui la commune de 1871, pardon !
Apparemment, ce n’était pas la ménagerie du Jardin des Plantes mais celui du Jardin de l’Acclimatation !
Source : Non, la Commune n’a pas… (4) Éléphants
Selon ce billet de blog, l’erreur vient de la presse anglaise d’époque. Encore les rosbifs !
Ha, le blog de la très récemment défunte Michèle Audin. :-( J’espère qu’il va rester en ligne. Quelques années plus tard, elle dit dans cet article que la confusion est probablement due au fait que des locataires du jardin d’Acclimatation — dont les deux éléphants en question — ont été hébergés au Jardin des Plantes pendant le siège. Les Anglais sont pardonnés ?
J’ai trouvé dans un autre de ses articles une recette de siège qui semble aux portées de mes compétences culinaire et de ma bourse : la soupe à l’oignon sans oignon :
Elle provient du livre La Cuisinière assiégée, qui est consultable sur Gallica : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5441858b
Bon, ok les anglais, on vous pardonne !
Elle a l’air un peu fadasse cette soupe… Mais on fait avec ce qu’on a. Je vais feuilleter cet ouvrage avec un peu plus d’attention pour mon menu de Noël.
Dans le livre Les menus d’un restaurant de Paris durant le siège : préface d’analogie passionnelle sur les malheurs de la France, 1872, on trouve des menus de restaurants par date chronologique avec notamment les prix payés, qui reflètent l’inflation. Et aussi pas mal de références à des animaux provenant du Jardin des Plantes. Il faut savoir !
On y trouve le prix du rat : 0,75 francs le 19 décembre 1870 ; 2 francs le 6 janvier 1871.
Les caves servaient d’abattoir.
Les arnaques étaient monnaie courante : un restaurant a cru acheter un éléphant ; c’était en réalité du cheval.
Morceaux choisis :
MàJ : conjugaison
Je suis incapable de me rendre compte de ce que représentait concrètement le prix du rat dans un budget, mais l’inflation est impressionnante.
On tient peut-être l’explication.
Je serais curieuse de savoir ce qu’en dirait Hervé This. Mais quand même pas assez pour lui poser la question par mail.